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[FAQ] Comment répartir les votes de la plateforme sur les députés élus?

E Evy Public Seen by 304

La question revient souvent mais n'a pas vraiment été tranchée. Nous vous proposons de débattre sur les modalités de répartition sur les députés élus des votes exprimés sur la plateforme.

J

Julien Mon 30 May 2016 5:53PM

Les arguments d'Edem et de Birdy me semblent assez convaincants pour ma part. Seul souci, on est 4 à discuter ça pourrait être intéressant que d'autres se joignent à nous pour avoir d'autres avis. :)

L

Ludovic Tue 31 May 2016 3:56AM

Oui svp d'autres avis !! Pour l'instant je suis seul à défendre la proportionelle à mon grand étonnement. Une voix égale une voix mais là je suis en infériorité :)

E

Evy Tue 31 May 2016 5:30AM

À mon sens le but ultime est de réussir à mettre en place une organisation où ce genre de problème ne se posera pas : une création normative permettant un consensus et les désaccord resteront libre de décision (on laisse le choix aux gens de choisir sous réserve de leur responsabilité dans l'hypothèse où ils causeraient une désagrément à autrui)
Mais là on parle d'un idéal.

En fait il y a deux manières de voir l'expérience :
- soit l'objectif est d'avoir un poids et dans ce cas la règle de la majorité serait celle à envisager,
- soit l'objectif est de montrer qu'il est possible de faire autrement et espérer que le "lobby citoyen" soit entendu et éventuellement arriver à ce que je décrivais avant.

À mon sens faire voter les députés selon la majorité des voix exprimées ne distinguera pas l'expérience de ce qui est déjà fait par les partis en place. Pour moi, l'objectif est de faire des émules :)

J

Julien Tue 31 May 2016 5:44AM

Qu'on ne se trompe pas, j'aime le côté "proportionnelle" mais l'objectif de #MaVoix est-il uniquement (ce mot est important), de faire voter ses membres pour répercuter leurs décisions ou alors d'aller un peu plus loin ? En partant du principe que nous souhaitons hacker l'Assemblée Nationale, on peut se dire qu'y entrer n'est qu'un début et que nous devrons y peser ? Après, rien n'empêche de commencer par la proportionnelle et de changer après si nous constatons que ça ne marche pas. #MaVoix ce sont des citoyens en mouvement non ? Si on est en mouvement, alors on est pas figés, les vérités d'aujourd'hui ne sont pas forcément celles de demain.

On peut donc essayer de formuler les objectifs qui nous semblent importants pour #MaVoix. Pour ma part :
- "Faire de la politique autrement" est un objectif important. Pouvoir discuter de toutes les lois si on le souhaite, c'est quelque chose d'énorme.
- "Représenter le plus de monde possible" : c'est un objectif idéal. La question étant cependant : qu'entend-on par représentation ? Est-ce la représentation à tout instant (alors là on est sur de la proportionnelle pure et dure) ou alors de la représentation globale (alors là le fait de pouvoir émettre des avis et se retrouver parfois en majorité parfois en minorité suffit).

J

Jeff Tue 31 May 2016 7:58AM

Je suis gêné qu'on réfléchisse en termes de résultats. Il me semble que faisant cela on s'écarte de l'expérience #MaVoix. On se positionne en concurrent des partis politiques et non en expérimentation d'un nouveau modèle. Apporter une culture de délibération alternative au mode de pensée majoritaire m'apparaît une expérience indispensable si l'on veut proposer une autre façon de faire de la politique.

Il y a dans ce débat une question fondamentale sur ce qu'est l'expérience #MaVoix. Je crois qu'on ne doit pas adapter la méthode en fonction des résultats qu'on veut obtenir (en l'occurrence si je suis bien le raisonnement un impact rapide sur les décisions) mais appliquer une méthode et constater les résultats qu'elle produit. On apprend en marchant, c'est un élément majeur de l'ADN de #MaVoix. Pas j'adapte ma marche pour produire le résultat que j'attends. Sommes-nous prêts à lâcher prise et prendre le risque de découvrir où cela nous mènera ?

Finalement, je ne crois pas que nous devions nous attarder sur la supposée frustration sur le manque d'impact immédiat, nous devons nous inscrire dans un temps long comme tout changement de paradigme. Oser ne pas préjuger du résultat que nous obtiendrons. Et pourquoi pas découvrir que la frustration est davantage dans le débat que dans la décision. Si chacun est entendu et peut défendre son point de vue, d'abord il peut faire avancer un débat, favoriser l'émergence d'un consensus, ensuite ne pas ressentir la frustration d'un résultat contraire au souhait de départ puisqu'il a les moyens de comprendre aussi le point de vue d'autres participants.

Bref, il me semble que #MaVoix cherche à tester une autre façon de construire des solutions par des délibérations s'inscrivant dans un temps long, sans précipiter la prise de décision. Je n'ai pas eu ici d'arguments me convainquant que nous devrions changer cela, bein au contraire, tout ce qui est affirmé comme urgence de mesurer un impact est pour moi de nature à nous assimiler dans un moule déjà existant. Je plaise pour que nous vivions une expérience différente. Prenons ce risque.

B

Birdy Wed 1 Jun 2016 11:36AM

"on s'écarte de l'expérience #MaVoix" > ah bon ? L'efficacité c'est vraiment antinomique de l'expérience MaVoix ? Moi j'y adhère parce que justement j'y vois un espoir possible de changement. Sinon, les programmes des (vrais) gauches me conviennent parfaitement. Seulement voila, je suis persuadé qu'il sera plus efficace de faire voter les citoyens "loi par loi", plutôt que d'attendre qu'ils pensent en majorité, en dehors des clichés du genre "les communistes c'est des gens qui veulent qu'on soit tous pareil et puis tu n'as qu'a aller vivre en Corée du nord si ça te plait tant le communisme".
"non en expérimentation d'un nouveau modèle" > des citoyens tirés au sort qui relèguent les décisions que TOUS les citoyens (et pas seulement les encartés) pourront prendre sur notre plateforme (alors que normalement on se tait pendant 5 ans), c'est déjà un nouveau modèle.
Bref, dans l'absolu ton raisonnement n'est pas idiot : construire l'idéal que nous souhaitons voir émerger et non pas faire des calculs politicien. Sauf que à mon sens, c'est faire de la proportionnelle qui est un calcul politique de court terme. Pour ne pas (soit disant) frustrer notre électorat. Alors que dans l'absolu, pourquoi une assemblée nationale si ce qu'on veux faire c'est de la démocratie directe ? Ben moi je pense que justement, nous devons nous SUBSTITUER à cette assemblée. Et pour faire ça, considérer que ce qui sortira du vote sur la plateforme cocorico, c'est la volonté du peuple et que rien d'autre ne l'est. Le long terme c'est se passer de représentants.
"On apprend en marchant" > alors apprenons : quelle taux de participation pour qu'un vote soit considéré démocratique ? Est ce qu'il faut 51% de vote POUR pour adopter une loi sans frustrer les citoyens ? Comment donner la parole à tout le monde ?... Les vrais questions sont bien celles-la, pas : comment faire en sorte que nos députés votent proportionnellement à ce qui a été voté sur cocorico ? Ça on s'en fout. Ça c'est rentrer dans le moule. Ça c'est accepter de considérer que l'assemblée nationale est représentative de quelque chose.
"Si chacun est entendu et peut défendre son point de vue, d'abord il peut faire avancer un débat, favoriser l'émergence d'un consensus, ensuite ne pas ressentir la frustration d'un résultat contraire au souhait de départ puisqu'il a les moyens de comprendre aussi le point de vue d'autres participants." > argument que je partage largement. Donc à mon sens, ce sont bien les débats que l'on aura AUTOUR d'un vote, qui comptent plus que le vote en lui-même pour gérer la frustration. Mais c'est un argument que j'ai déjà utilisé pour défendre la non-proportionnelle : on sera moins frustré d'appartenir à une minorité et donc de "perdre" un vote, si on peut s'exprimer correctement et surtout si on peut arrêter d'entendre les discours politiciens paternalistes et niais qui défendent les projets de loi d'aujourd'hui.

L

Ludovic Thu 2 Jun 2016 4:32AM

Je comprends mieux ton point de vue à force. Tu estimes qu'aujourd'hui l'assemblée nationale ne représente rien du tout et tu as probablement raison. Que de fait les votes de la plateforme cocorico seront seuls légitimes (du peuple) et qu'on peut donc exclure les autres député de notre tête afin de garder la décision qu'ils auraient choisi s'ils avaient été représentatif. Si j'ai bien compris. En tout cas l'idée fait son chemin dans ma tête et je pense que je ne serai pas contre. De toute façon peu-importe la décision je resterai personnellement motivé pour étudier toutes les lois et participer aux débats et votes. Ca reste le plus important à mon sens.

J

Jeff Thu 2 Jun 2016 6:26AM

Je crains justement que ce soit ce que j'appelle la culture majoritaire qui pousse justement au marketing politicien. Convaincre avec des arguments percutants voire fallacieux, peu importe du moment qu'on atteint le quota pour l l'emporter. D'où la réticence sur la procédure du vote majoritaire. Finalement selon moi il est antidémocratique, car c'est un mensonge entretenu de penser que la démocratie c'est la majorité, car en réalité dit être le respect des minorités.

Mais au-delà ce qui me gêne dans l'exposé de ce sujet c'est qu'on ne cherche pas à vivre l'expérience pour apprendre, mais qu'on essaie de la contrainte par une volonté d'efficacité. Je n'ai pas dit que je ne souhaitais pas que nous soyons efficaces, je voulais dire que l'efficacité supposée ne devait pas être notre boussole, sinon nous n'allons pas essayer des trucs improbables.

B

Birdy Thu 2 Jun 2016 3:02PM

La culture majoritaire, c'est comme tu le dis : une communication qui part du politique pour s'imposer sans légitimité mais avec force sur le peuple. J'avais moi aussi écris un truc du genre que je ne retrouve plus : "les politiques de métier doivent se faire réélire donc donner l'illusion d'avoir des idées, pour ça ils inventent les problèmes et les solutions qui vont avec.". Avec ça, et les règles actuelles de vote des lois, c'est sûr que les politiques cherchent une simple majorité à 51%, au lieu par exemple, de retravailler la question avec les points de vu minoritaires ou blancs, jusqu'à aboutir à une redéfinition du problème et de la solution proposée.
Mais moi ce que je dis, c'est que c'est justement ces questions auxquelles nous devrions chercher des réponses. Par l'expression du débat citoyen par exemple. Voter POUR ou CONTRE, mais en ayant la possibilité de participer et de voir le débat non biaisé par l'utilisation des médias. C'est déjà un grand pas en avant. Plus tard, co-construire des lois avec toutes les sensibilités, en cherchant à obtenir le consensus "dans nos rangs (cad les citoyens)"... Rien ne nous oblige à écraser les "minorités" chez MaVoix. Quand je dis que nous ne devrions pas faire de proportionnelle, ça ne veux en aucun cas dire qu'il suffira à 51% de nos concitoyens de voter POUR une loi que dés lors, tous nos députés voteront POUR. Justement, réfléchissons et travaillons sur ces questions pour que ce que MaVoix fait en son sein, soit ce qui corresponde le mieux à ce qu'on pense être une bonne démocratie. Et ce sont ces règles qu'on estimera être "les règles légitimes du peuple".
Un petit exemple de ce que j'avais en tête, pour que vous ne vous mépreniez pas sur ce que je propose, mais avec un chiffrage plutôt farfelu. Parce qu'être contre la proportionnelle, ça n'implique pas du tout une seule manière de voir les choses (encore une fois, l'importance de la question...).
Si abstention > 80% => 100% des députés augmentés (DA) votent blanc
Si abstention < 30% => 0% DA votent blanc
Si pour > 80% (sans les blancs/abstention) => 100% DA n'ayant pas voté blanc, votent pour
Si pour > 10% < 20% => DA n'ayant pas voté blanc votent proportionnel
Si blanc > 50% => proposition de réécriture
...
Bon ça parait peut être un peu compliqué, mais il faut voir ça comme un exemple de toutes les possibilités de modulation des votes que l'on peut faire. Et quand on y réfléchi bien, c'est exactement ça construire des institutions. Par exemple les règles des élections municipales, législatives, présidentielles, ne sont pas les mêmes. Il y a des paramètres, des ajustements.
Sauf que ces paramètres, ces règles, on n'en veux plus. C'est pour ça par exemple qu'on tire au sort nos députés. Nous trouvons de nouvelles règles du jeu. Et c'est la que ce joue l'expérience. La volonté d'efficacité, c'est juste celle d'essayer d'imposer de jouer avec nos règles du jeu. C'est pas un but en soit, c'est les moyens qu'on trouvera au fur et à mesure, pour rendre la politique humaine, efficace, démocratique. Donc on fait comme si la petite partie des députés MaVoix qui est à l'assemblée, EST l'assemblée.

J

Julien Sat 4 Jun 2016 6:44PM

@birdy en fait si j'ai bien compris ton idée, ce n'est pas tant que tu sois contre la proportionnelle mais plutôt contre la proportionnelle tout le temps.

J'essaye de résumer ta pensée et tu me diras si je me trompes : - dans les cas où une majorité forte se dégage, alors nos députés votent tous identiques
- dans les cas litigieux 50/50 ou autre alors on peut avoir de la proportionnelle ou des amendements pour réécrire la loi

J'ai bon ?

B

Birdy Mon 6 Jun 2016 3:03PM

Tout à fait.
On verra ainsi quand est-ce qu'il est acceptable démocratiquement d'agir. Faut il + de 80% de pour ? - de 30% d'abstention ? Est-ce qu'on peut réussir à reformuler les questions quand on ne dégage pas un consensus ? Bref, si la politique professionnelle ce n'est pas la démocratie, qu'est ce que c'est concrètement la démocratie ?