Loomio
Mon 2 May 2016 9:37AM

Désignation d’un adversaire commun

A Anatole Public Seen by 338

Selon vous quel est l'adversaire commun aux participants de Nuit Debout ?

Nuit Debout s'est créée en partie contre la Loi Travail mais le problème est évidement beaucoup plus vaste. S'il n'en fallait qu'un, quel serait selon vous le principal ennemi, celui contre lequel nous sommes tous réunis, au delà des divers débats sur la méthode ?

M

Maaarmotine Mon 2 May 2016 9:59AM

Je dirais bien que selon moi, le principal ennemi (qui est combattu avec brio à Nuit Debout) c'est l'individualisme (et bien entendu tout ce que ça induit/implique dans un sens plus large)

J

jean-vincent Mon 2 May 2016 10:52AM

individualisme, un sens plus large ... la propriété privée ?

M

Maaarmotine Mon 2 May 2016 4:59PM

Non je pensais plus au fait que les gens se renferment, ne sortent pas, ne discutent plus entre eux, ne partagent plus, au fait que la solidarité se meurt à petit feu.

Je repense au fantastique vieux monsieur avec sa canne qui est intervenu plusieurs fois à Lorient (on s'en souvient tous il concluait chaque fois par "Y'EN A MARRE !"), qui avait raconté que suite à une action la télévision avait été coupée pendant un certain temps (sur Lorient me semble-t-il), ce qui avait fait sortir les gens de chez eux, discuter entre eux. J'ai trouvé ça à la fois dingue, flippant et triste, symptomatique de la société d'aujourd'hui.

Et je pense que Nuit Debout peut combattre ça, faire à nouveau en sorte que les gens communiquent, partagent, s'instruisent, s'intéressent ... ce qui (je pense) pourra par la suite induire un changement profond de la société, des prises de conscience, puis la remise en question du capitalisme, de "la caste", des puissances écrasantes, la fin de ce système étouffant.

Mais je suis une grande utopiste :p donc c'est peut-être trop vaste pour que ce soit un adversaire, et que juste "le capitalisme" se suffit amplement à lui même !

ID

Isa Durand Mon 2 May 2016 3:53PM

Pour moi aussi c'est le capitalisme, et l'oligarchie qui qui se partage la galette et nous laisse les miettes....les partis qui sont tous des futurs oligarques si on continue de les élire.... bon zut ça fait pas qu'un ... on peut ajouter, la finance, les banques.... la caste aussi, sauf que j'ai toujours pensé qu'il y en a parmi nos paires qui ne font pas partie de la caste, mais qui rêve d'en être,

AS

Alexandre Scheuer Mon 2 May 2016 7:20PM

J'ai écrit un texte un peu long que je partagerai avec vous certainement à la prochaine Nuit Debout et qui traite de cette question en l'élargissant autour de :
* qui "Nous" sommes?
* qui sont-"Ils"? (ceux qui seraient cet adversaire commun)

On emploie souvent le terme de capitalisme et je pourrai tomber d'accord la dessus, mais je n'en suis pas satisfait pour différentes raisons. La plus importante est sémantique, si nous sommes contre le capitalisme, alors nous sommes anticapitaliste. Ce n'est pas un problème en soit, le problème selon moi serait de s'annoncer "anti-quelque chose", contre quelque chose, et pas POUR quelque chose d'autre.
Pour résoudre cela on tombe dans un problème encore plus grand, celui de l’obsolescence des mots qui est une grande victoire du siècle dernier pour le système actuellement en place. Comment incarner quelque chose que nous voulons majoritaire en nous définissant par des mots qui nous réduiraient à une minorité idéologique? Je pense par là à des mots comme "socialisme", "communisme", "libertaire" et même "gauche" qui sont autant de façons d'affirmer des idées tout en se coupant de la plupart de ceux avec lesquels nous souhaitons travailler.

Pour revenir à la question de base, je pense que, si désigner un adversaire commun est quelque chose que nous décidons, nous devrions l'appeler de l'une, ou plusieurs, de ces façons :
* la caste
* les puissants
* la caste des puissants (combo)
* la caste médiatico-politique
etc... (vous voyez l'idée)

BM

Betty Moon Tue 3 May 2016 11:46PM

Pas d'accord non plus ! (pour une fois, hihi !)
On peut être ANTIcapitaliste et et POUR un nouveau système économique, c'est même intrinsèquement le cas en fait ! À nous de l'inventer et du coup le mot qui le définira.
Et même, je ne vois pas en quoi être contre quelque chose pose un problème... Par exemple, je suis contre le racisme, contre la peine de mort, contre le fascisme, contre le TAFTA et plein d'autre trucs... C'est un positionnement qui n'est pas réducteur, puisqu'il ne résume pas l'ensemble de ma pensée. Ce sont les communicants, les idélogues-juste-pour-la-posture, et les réducteurs de pensée qui stigmatisent le positionnement "contre". Nous devons faire attention à ne pas rentrer dans ce jeu là.

Pour ce qui est de la question posée : l'adversaire est clairement le capitalisme et sa prise de pouvoir sur la démocratie, l'oligarchie qui en découle. Donc un système économique et politique.
J'ai un sérieux souci avec le fait de désigner des adversaires en tant que groupe de personnes (même si je suis bien consciente de la notion de classes sociales). Je pense qu'il est dangereux de personnaliser le ou les adversaires, et contre-productif aussi. Il faut toujours remonter le plus en amont possible, à la source, pour espérer régler efficacement un problème. Par exemple : à la Révolution française, l'adversaire facilement désigné était le roi, mais en fait c'est la monarchie absolue qui a été renversée au final, c'était elle le véritable adversaire. Sinon ils se seraient contentés de tuer le roi, mais sans changer le système un autre aurait rapidement pris sa place, et rebelote.
L'adversaire c’est le système qui permet à "la caste" d'exister et d'agir comme elle le fait.

BM

Betty Moon Wed 4 May 2016 10:10AM

@alecxjps , je me permets d'en rajouter une couche sur la gêne à se positionner "contre", un peu pour te taquiner !
C'est assez cocasse d'avoir un problème à se positionner "contre quelque chose" dans un fil qui s'appelle "Désignation d’un adversaire commun", non ?!

AS

Alexandre Scheuer Tue 3 May 2016 11:16PM

Je confirme que nous ne sommes pas d'accord, je suis absolument contre l'idée d'occuper notre temps à "nettoyer" ces mots.
J'invite vraiment ceux qui souhaitent comprendre pourquoi tel est ma position, et également comment j'ai bifurqué rapidement dans mon engament militant de ces dernières années, à regarder cette vidéo "leçon de stratégie politique" avec Pablo Iglezias. Je souscris à ce qui est dit dans cette vidéo, sans nécessairement approuver tout ce que fait cet homme (en raison des mes connaissances insuffisantes sur la situation espagnole).

BM

Betty Moon Wed 4 May 2016 12:02AM

Et globalement pas d'accord non plus avec ce que dit Iglesias dans la vidéo (décidément...). Parce qu'il s'exprime là comme un leader politique, "celui qui sait". Or le mouvement ND est un mouvement populaire dans lequel les militants politiques ne sont pas majoritaires. Nous ne sommes pas dans la même réflexion. ND ce n'est pas Podemos.
Et oui, je pense que les mots ont leur importance, et peuvent tout à fait être compris par les citoyens "lambda", le peuple. Ils doivent se les réapproprier même. Et les idées aussi.
La clé est dans l'éducation populaire, l'élévation. Surtout pas dans l'enfermement dans une condition ou une classe, à qui il faudrait servir le slogan simpliste qu'elle comprend, car elle ne vaut pas mieux que ça ;-)
Sinon on retombe dans le fonctionnement actuel et le cycle recommence.

AS

Alexandre Scheuer Wed 4 May 2016 12:19AM

Il faudra en reparler plus en profondeur de visu je pense, car dans le fond je ne suis pas en désaccord avec ce que tu viens d'écrire. Ça montre bien les limites des échanges numériques sur Loomio. À très vite ;)

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