Loomio

Pourquoi sommes-nous là ?

SL Scapin Lefourbe Public Seen by 345

Parce qu'avoir raison sur la méthode ne suffit pas, et qu'une idée sans affect, est une direction sans mouvement: Rien du tout.

Parce qu'un peuple est une entité pré-politique, et donc pré-constitution.

Parce qu'une constitution s'écrit "pour un peuple," et "en vertu de" grands principes axiomatiques (que l'on ne peut ni prouver, ni contredire,) qui affirment au monde entier la racine identitaire de ce peuple constitué.

Parce que y'en a marre d'être des réacs masochistes qui attendent que les autres se prennent des coups par le système en place pour qu'ils aient eux aussi une "raison" de se mettre à la constitution. (Qui est en réalité un affect émotionnel.)

Parce que nos "valeurs primordiales," nos "affects constituants," ne sont pas les mêmes que celles des bourgeois exploitants, narcissiques et égo-centrés, qui ont fondé la société de l'avoir.

Parce que le "peuple français" a été forgé par la bourgeoisie au nom de ses propres valeurs, et que si peuple français émancipé il doit y avoir, il devra se reforger au marteau de nos valeurs.

Parce que "convaincre ne suffit pas," et qu'avoir une bonne opinion de la constitution citoyenne, n'implique pas que l'on ai l'énergie d'affect que l'on s'y mette.

Parce que les affects ne se trouvent pas dans le monde de la raison, mais dans celui de l'émotion, du ressenti, de l'identité, des tripes, des valeurs profondes qui fondent les peuples et les communautés.

Parce qu'être "anti-machin" et "alter-truc," c'est se définir en "négation à X," en "alternative à X," et que "-X" ne doit plus être notre référence.

Parce que nous avons un OUI à affirmer, et des "païens" à convertir, il nous faut donc creuser ce OUI et en extirper toute cette sève que l'on va brandir.

Parce qu'un OUI brandit n'attend pas que le système donne des coups aux autres pour leur donner envie de nous rejoindre.

Quels sont donc ces affects ? Quel est donc ce drapeau ? Quelles sont donc les valeurs primordiales qui forgeront le devenir de notre peuple, le poussant à se constituer ?

DP

Dominique Pautrel Sat 17 Dec 2016 1:38PM

La France, historiquement et de par le monde, est le pays des droits de l'homme et apporte (apportait) une image d'universalité. Le "slogan" Liberté Égalité Fraternité donne à cette nation une idée profondément humaine au contraire du capitalisme qui mène aujourd'hui le monde.
La France d'aujourd'hui est, à l'instar de beaucoup d'autres pays, de plus en plus un mélange de citoyens d'origines et de cultures diverses.
Le peuple de France étant donc cosmopolite il serait sans doute bon de réaffirmer ces mêmes valeurs, mais en ayant au préalable bien soin d'en revisiter chaque mot dont le sens affectif a quand même bien été détourné.
Par exemple le mot Liberté est effectivement objectivement très dur à définir... Peut-être par son contraire, au même titre qu'on peut définir l'obscurité par l'absence de lumière ? À l'échelle d'un peuple :
Libre de décider de ses choix. Le référendum d'initiative citoyenne en serait un bon exemple.
Libre de remplacer ses chefs par des représentants.
Libre de mettre à jour sa Constitution quand bon lui semble.
Libre d'entendre tous les avis internes où étrangers au pays à l'échelle nationale.
Libre donc d'abolir la propagande de guerre.
Libre de s'enrichir infiniment non, puisque dans ce cas toujours viendra un moment ou cette liberté empiétera celle des autres et viendra alors mettre à mal la notion d'Égalité.
La Fraternité me semble une évidence universelle en considérant les peuples du monde, ceux qui créent et entretiennent les guerres ne faisant toujours partie que des dirigeants qui y ont un intérêt économique ou géo stratégique débile puisqu'ils ne réussissent à le faire qu'en cassant cette Fraternité universelle. L'humain ne naît pas méchant, c'est son éducation qui le transforme. Ça fait bien longtemps que l'humain n'a plus d'autre ennemi que lui-même, et ceci uniquement parce que nous acceptons de nous faire diriger.

SL

Scapin Lefourbe Sat 17 Dec 2016 3:19PM

"La Fraternité me semble une évidence universelle"

Et pourtant non, pour qu'il y ait fratrie, il faut un lien d'affect très fort.

Les frères sont liés par le sang jusqu'à la fin de leur vie, et c'est peut-être pour ça que dans certaine confrérie, on fait couler le sang pour affirmer un lien de fraternité que l'on cherche à construire, preuve que ce n'est pas facile ni évident.

"Par exemple le mot Liberté est effectivement objectivement très dur à définir... "

Peut-être que c'est parce que la liberté n'existe pas, ou plutôt elle est partout, elle n'a donc pas à être revendiquée. Et ce qui existe par contre, ce sont des contraintes que l'on met pour empêcher cette liberté. En naissant dans un monde de contraintes, nous avons fini par nommer liberté ce qui était l"évidence, ainsi peut-être faut-il parler de la liberté, non pas comme d'une valeur, mais comme une richesse dont il faut prendre soin.

(Là ou dans la déclaration des droits de l'homme, elle est une valeur aliénée permettant l'exploitation...)

Quand à "égalité," on peut aussi se demander ce que ça implique, l'égalité est un argument qu'utilisent les bourgeois modernes pour dire que c'est de la faute des pauvres s'ils sont pauvres, parce que tout le monde a les mêmes droits.

Donc peut-être faut-il refuser l"'égalité, et chercher plutôt [l'équité,] [l'équité en droit] plutôt que [l'égalité en droit,] ça me parait être mieux pour favoriser le fameux "ascenseur social" qui ne fonctionne pas dans "l'égalité en droit."

DP

Dominique Pautrel Sat 17 Dec 2016 11:17PM

Je dois être trop de nature anarchiste pour me sentir naturellement capable d'être constituant.
Pour moi chaque bipède qui parle est de mon espèce, et donc potentiellement mon frère ou ma sœur... De même il y a de la haine profonde dans certaines fratries, et pourtant ils sont frères et sœurs.

À mon avis (je ne me sens capable de le dire que comme ça - humilité ou diplomatie ou flatter son ego ?) il faut réhabiliter ces mots et les rendre indéformables plutôt que d'en chercher d'autres qui eux aussi auront tôt fait d'être détournés, récupérés...

Je ne veux pas polémiquer, je n'aime pas ça non plus... Mais dans notre société nihiliste si on cherche seulement à contourner les pièges on en verra refleurir d'autres. Peu importe le mot il sera interprété d'une autre façon, même si nous créons un néologisme. À moins que peut-être nous lui apportions la définition précise du sens où nous l'entendons pour qu'une autre interprétation soit juste impossible.

Et même si nous arrivions à écrire la meilleure constitution possible il y aura toujours des personnes à vouloir détourner ce texte. Notre but serait donc de rendre ce texte "sacré" clair et pur comme un diamant, pour que les législateurs ultérieurs ne puissent pas le retourner à leur seul avantage.

Liberté Égalité Fraternité. Ces trois mots forment bien un affect associé au pays France, non ?
Et il est chargé d'histoire, et même si nous nous rendons compte que notre révolution et notre république naissante étaient bien plus aristocratiques que véritablement démocratiques, ces trois mots apportent une couleur unique et universelle à la France dans le monde. Pour moi c'est un fait.

Certaines personnes ont visiblement détourné le dictionnaire. Soit nous changeons de mots et le problème risque de revenir encore plus vite car ils sont rompus à l'exercice, soit nous ne tolérons plus que les mots soient détournés. Comment rendre de simples mots indomptables ?

Puisque nous parlons d'affect j'essaie de parler avec mon cœur. Mais ce n'est qu'un avis dans la multitude...

SL

Scapin Lefourbe Sun 18 Dec 2016 5:37PM

"Liberté Égalité Fraternité. Ces trois mots forment bien un affect associé au pays France, non ?"

Quand dans la constitution de 1958, il est dit que la devise de la république est "liberté, égalité, fraternité," c'est que ces morts servent de packaging à la "république," alors que cette république est instituée de manière oligarchique.

=> Le fameux "La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants..."

De plus, l'égalité est toujours "relative à autre chose," la liberté est toujours "relative à un cadre," et la fraternité est "relative à une identité" (franc-maçonnique ?)

Et comme il s'agit de la constitution des oligarques, vous avez raison, le sens de cet mots à été détourné, pour que ce soit la liberté des oligarques, l'égalité des oligarques, et la fraternité des oligarques.

Et dans ce sens, ça fonctionne bien pour eux, ils défendent à fond la république, puisque la république, c'est l'institution de leur propres avantages selon des valeurs relatives à leur intérêts.

Ainsi si nous voulons garder les trois mêmes principes que sont l'égalité, la liberté et la fraternité, il nous faut préciser à quoi ces principes nous sont relatifs à nos intérêts à nous.

Vous avez dit "rendre les mots indéformables," c'est une idée intéressante, je me disais justement aujourd'hui qu'il fallait peut-être interdire l'utilisation de certains mots manipulateurs dans les marchandises et les publicités, car le capitalisme finit par breveter nos mots et notre vocabulaire.

Enfin, par quoi ces mots ont-ils été déformés ?

Je me répète, mais dans le préambule de cette constitution, il est écrit que la propriété est un "droit naturel."
A partir du moment ou l'on accepte ça, la "violence légitime" de l'état protège les possédants, et se constitue don une société "républicaine" de "l'égalité" en droit des possédants, de leur "liberté" de spéculer sur leur possessions, et de la "fraternité" de leur lobbies d'influences.

Peut-être que ces principes ne sont détournés que parce que nous acceptons la "propriété privé" comme "droit naturel," plutôt que comme "crime contre la nature" ?